Mercredi 19 mai 1999     COTONOU - LAGOS   (5 heures 15)

Jusqu'à LAGOS, les contrôles de police su succèdent. A chacun d'eux, le chauffeur glisse un billet dans la main du flic. Ça nous évite la fouille des bagages. A chaque arrêt par les policiers, nous devons répondre à une multitude de questions : Où allons nous ? Pourquoi ? Quelle est notre profession ? Sommes-nous mariés ?... Les gens conduisent n'importe comment et vite. C'est hyper dangereux ! D'ailleurs, tous les véhicules sont cabossés. A 13 heures 30, le taxi nous abandonne à LAGOS.

Prendre un taxi jusqu'à l'hôtel est très cher, alors nous prenons un premier bus, guidés par un pasteur. Par chance, il se rend dans le même quartier que nous. Ensemble, nous prenons ensuite un autre bus. Quel "bordel", ça grouille de partout, la circulation est impressionnante, la chaleur est étouffante, la ville semble immense. Dans tout ce mic mac, notre nouveau guide paie même le trajet pour nous et refuse que nous le remboursions. Il nous emmène devant l'hôtel, le "Ritz". Rien, mais alors vraiment rien à voir avec le célèbre Palace de Paris. Pas d'eau courante, pas d'électricité, et c'est la capitale. Ça commence bien !

La ville est très grande, extrêmement polluée et dangereuse. On s'y sent écrasés. On la compare à une jungle de béton. On a déjà hâte de partir. Par chance, la banque est juste en face. On en profite pour faire du change. C'est incroyable, on se retrouve avec plus de 2000 billets. Nous devons les transporter dans une grande enveloppe. On se montre tellement surpris de voir autant de liasses que tout le monde éclate de rire. Nous avons maintenant de quoi goûter une "Harp", la bière locale. Puis balade dans le quartier. Les gens n'ont pas l'habitude de voir des touristes et nous interpellent sans arrêt : "hello, vous êtes mariés ?" Ils nous mettent aussi en garde, le quartier n'est pas sûr. Pour le repas, spaghettis et dans un bar, discussion avec quelques habitants.

Jeudi 20 mai 1999     LAGOS

Le jour suivant, lever à 7 heures. Il pleut averse. Pour la première fois, nous déplions les K-WAY. Pour que Thierry puisse obtenir un certificat médical militaire dont il a besoin, nous tentons de prendre un bus pour l'ambassade de France. Mais dans la rue règne une cohue gigantesque. Pas de trottoirs, une circulation incroyable, des gens partout... Finalement, nous grimpons à 2 sur une mototaxis. Sous la pluie avec les voitures qui éclaboussent, ça n'est pas génial. Nous arrivons trempés à destination.

Une grande file d'attente s'allonge devant l'ambassade. Les gens viennent sans doute faire une demande de visas. Ils sont habillés avec élégance, comme s'ils allaient à une réception. En tant que Français, nous sommes reçus immédiatement. Nous discutons un long moment avec le médecin qui va même faire partir le certificat en France, par valise diplomatique. Puis nous décidons de changer d'hôtel, nous déménageons dans un autre quartier appelé "Yaba". En route, nous croisons le véhicule du Président Nigérien et son escorte vraiment impressionnante. Le cortège n'en finit pas. Pour l'occasion, les routes sont fermées.

Nous nous installons à l'hôtel "Granada". Pour le moment, pas d'eau courante non plus, ni électricité. Ensuite, direction la gare routière. Quelle jungle ! Les véhicules pour OSHOGBO partent une fois pleins. Nous rentrons à Yaba en bus et il faut affronter les embouteillages. C'est infernal et il fait maintenant chaud. Mais comment font ces millions de personnes pour vivre dans une ville aussi folle ??? A l'hôtel, toujours ni eau, ni électricité. On désespère.

Lorsque nous ressortons, des coups de feu éclatent. Nous voilà à présent en pleine manifestation. Dans la rue, les gens marchent tous les mains au-dessus de la tête et les flics armés passent en voiture parmi la foule et tirent en l'air. Chaude ambiance ! On veut prendre une bière, rien n'est frais. On veut manger, tout est fermé à cause de la manif. On veut prendre une douche, pas d'eau. Il fait chaud, humide... Vive LAGOS ! Nous finissons par commander deux plats à l'hôtel. Plus de 2 heures plus tard (il est plus de 22 heures), ne voyant rien venir, nous annulons la commande. On va alors acheter du pain et au retour, nos assiettes de riz poulet nous attendent ! A 23 heures 30, l'eau marche. Ahhhhhhhh, la bonne douche.

Vendredi 21 mai 1999     LAGOS - OSHOGBO   (2 heures 15 - 211 kms)

Comme convenu hier, un taxi passe nous prendre pour nous conduire à la gare routière. Mais bien sûr, le chauffeur n'a pas fait le plein d'essence. Résultat, nous faisons la queue durant trois quart d'heures à la station service. Enfin, la voiture pour OSHOGBO est prête. Ici, les taxi-brousse de prennent que 6 passagers. Nous partons à 9 heures 15. La pollution est si forte que la ville en est toute grise. Les embouteillages sont toujours aussi monstrueux. Puis d'un coup, ça fonce. Le compteur marque plus de 130 km/h, on double tout le monde. Les gens conduisent n'importe comment et à des vitesses folles. Nous savions que les routes étaient dangereuses mais là on réalise vraiment à quel point ! De plus, aucun panneau de signalisation, ni limitation de vitesse. Et sur le bas côté, de nombreuses carcasses de voitures et des camions renversés et calcinés. Nous traversons IBADAN. C'est impressionnant tant c'est grand et moche. Nous sommes à OSHOGBO vers 11 heures 30. Nous nous installons dans un hôtel qui comporte beaucoup de chambres. Apparemment, l'eau coule. Enfin, il ne faut pas être bien exigeants, le débit n'est pas bien fort. Pas assez en tout cas pour prendre une douche. Balade en ville, celle-ci est à dimension humaine, donc un peu plus agréable. Le soir, les endroits pour manger sont rares. On finit par dénicher un resto dont la carte offre un grand choix de plats pour pas cher, mais après avoir énuméré pas mal de choses, le serveur nous annonce que nous ne pouvons avoir qu'une omelette et du pain.

Samedi 22 mai 1999     OSHOGBO

Ce matin, grasse matinée. A 11 heures, petit déjeuner (omelette !) Puis nous prenons un taxi qui nous dépose à quelques kilomètres du centre ville, dans la forêt tropicale. Là, dans la végétation dense, nous découvrons d'étranges sculptures en béton, crées par une artiste Autrichienne, en 1950. Original ! En nous baladant dans les chemins, nous sommes entourés par de jolis papillons de toutes les couleurs, et des singes apparaissent, dans les arbres. A l'entrée de la ville, les maisons sont vieilles, rouillées, tordues, grises, bleues, vertes... Et les gens sont très sympathiques. Le soir, on se détend avec une bière "Star" et pour changer, une omelette.

Dimanche 23 mai 1999     OSHOGBO - BENIN CITY   (3 heures)

Lever à 6 heures 30. On se lave au seau, seul un filet d'eau coule du robinet. Le taxi pour BENIN CITY démarre à 8 heures 45. On emprunte des petites routes. Décidément, les Nigériens sont les rois de l'imprudence ! On roule vite et n'importe comment. A chaque arrêt par la police, le chauffeur donne un billet de 20 Nairas au flic afin d'éviter la fouille. A certains contrôles, on passe même sans s'arrêter malgré les signes des flics qui gesticulent. Le chauffeur double dangereusement. Ouf, ça passe de justesse. Plus loin, on rejoint l'autoroute, certains camions roulent à contresens !

A 11 heures  45, arrivée à BENIN CITY, sains et saufs. On marche jusqu'au "Central Hôtel". Il y a la climatisation mais pas l'eau courante. Puis une mototaxis nous conduit à la gare routière. Aussitôt, nous sommes encerclés, agrippés pour nous faire monter dans les bus. Mais alors que nous sommes pratiquement mis d'office dans un bus, nous leur signalons que nous voulons juste des renseignements. Déception de la part des rabatteurs mais nous reviendrons demain "see you". Nous nous baladons ensuite en ville, au marché. Partout, les gens sont sympas, souriants. De retour à l'hôtel, plus rien ne marche, il fait très chaud. Du coup, on ressort boire une bière.

Lundi 24 mai 1999     BENIN CITY - CALABAR   (9 heures 30)

A 7 heures 15 nous sommes à la gare routière. Le minibus pour CALABAR se remplit rapidement mais il est difficile d'entasser tous les bagages. Il commence à faire chaud. Après 2 heures 45 d'attente, on part enfin. Comme d'habitude, la vitesse est excessive et la conduite imprudente. Et sur les bas cotés de la route, des camions renversés, des voitures accidentées, des minibus calcinés. On traverse quelques villes dont ONITSHA, OWERRI et ABA, toutes moches. Peu après ABA, changement de minibus. Ils veulent encore nous faire payer le trajet des bagages pour lesquels on a déjà eu du mal à négocier le tarif au départ. Alors on reste fermes NO !

La nuit tombe, rendant la route encore plus dangereuse. Entre les piétons qui surgissent et les véhicules non éclairés... Et puis on est entassés. A 19 heures 30, arrivée à CALABAR. Encore une fois, nous nous retrouvons dans une Guest House où l'eau ne fonctionne pas. On doit encore se contenter d'un seau. Dehors, pas moyen de trouver un endroit pour manger. On achète du pain et du fromage que nous dégustons éclairés par une lanterne. Le temps est toujours chaud et humide. Plus tard, l'électricité revient, le ventilateur nous permet d'avoir un peu d'air.

Mardi 25 mai 1999     CALABAR

Le matin, nous quittons l'hôtel. Nous devons réclamer notre monnaie et il n'est pas simple de l'obtenir car la personne de la réception n'est pas la même qu'à notre arrivée et rien n'a été noté. Des motos taxi nous conduisent au "Chalsma Hôtel", plus cher mais plus confortable, avec de l'eau courante qui coule. Il y a même un resto alors on prend le temps de s'offrir un bon petit déjeuner avec une omelette. Puis lessive et douche, enfin, au robinet. Pas très pratique mais on ne va pas se plaindre ! Un orage éclate, on a droit à une belle averse. Puis, balade en ville ainsi qu'à la gare routière. Un chauffeur passera nous prendre demain à 6 heures. Au retour dans la chambre, tiens, coupure d'eau !

Mercredi 26 mai 1999     CALABAR - ABUJA   (9 heures)

A 6 heures 15, la voiture que devait venir nous chercher n'est pas là, alors nous partons à pied. A 7 heures 40, départ. On roule toute la matinée avant de faire une halte d'un quart d'heure à MAKURDI. Puis c'est reparti. Les paysages sont maintenant vallonnés, quelques villages de cases ressortent de la verdure. A 16 heures 30, nous voilà à ABUJA, la capitale. Nous ne savons pas où aller alors le chauffeur nous dépose au "Shindna Guest Spot". C'est cher et bien sûr, rien ne fonctionne.

Jeudi 27 mai 1999     CALABAR - ABUJA   (9 heures)

Au réveil, plus d'électricité. Il fait chaud et pas d'eau pour se laver. On tente de trouver un endroit moins cher mais tout est complet. Tant pis, on donnera encore 75 billets de 20 Nairas (100 Francs Français) pour la nuit prochaine. Bon, partons faire un tour au centre ville. Un bus qui transporte une troupe de danseurs propose de nous y conduire. L'ambiance est sympa, ils nous présentent à toute l'équipe. Nous les quittons dans l'immense espace de conférence.

La ville est entourée de collines, les avenues sont larges, vides, bordées de hauts buildings tout neufs, dont la plupart sont en construction. Quel contraste avec le reste du pays. Tout est si neuf mais pas encore envahi par la population. On recherche un centre internet. Dans une boutique, le prix qu'on nous indique n'a jamais été aussi élevé : 200 Francs Français pour 20 minutes ! Le soir à l'hôtel, toujours pas d'eau. Alors on demande à voir le manager pour une réduction du prix de la chambre.

Vendredi 28 mai 1999     ABUJA - JOS   (3 heures 30)

A 9 heures, nous embarquons dans un minibus, direction JOS. A un barrage, les policiers font sortir tous les occupants du bus pour une fouille corporelle (sauf pour nous !). Les flics ont la réputation d'être exigeants, énervants, désagréables au NIGERIA mais nous n'avons pas encore eu le moindre problème. Au contraire, ils nous laissent toujours tranquilles et ne nous demandent pas d'argent. A 13 heures 30, nous arrivons à JOS. La ville est située sur un plateau, à 1500 mètres d'altitude. Le climat est agréable. Cette fois, nous trouvons un hôtel avec douche (chaude en plus !) et pas cher. Nous sommes si bien ici que nous passons une journée supplémentaire. Balade en ville, on trouve même un office Internet à......... 5000 Nairas (300 Francs Français) l'heure !

Dimanche 30 mai 1999     JOS - KANO   (3 heures 30)

Lever à 6 heures 30. Nous nous déplaçons toujours en motos taxi pour nous rendre à la gare routière. Départ a 9 heures 50. La terre devient plus sèche, il commence à refaire chaud. Vers 11 heures 15, nous sommes à KANO. Après s'être installés, balade en ville mais c'est dimanche et tout est fermé. On marche aussi un moment dans les ruelles étroites et poussiéreuses de la vieille ville et dans le marché. Avant de rentrer, brève halte devant le Palace de l'Emir. Pour prendre une douche, ça n'est pas pratique. il faut demander au manager de l'hôtel d'ouvrir un robinet à l'extérieur, et insister pour qu'il le fasse. En cas de nécessité, des seaux d'eau nous attendent. Avant de prendre une douche, nous veillons à ce qu'ils soient pleins en cas de coupure soudaine. Mais l'eau n'est pas bien claire. Chaude nuit.

Lundi 31 mai 1999     KANO

Ce matin, Thierry a un début de fatigue. Pendant qu'il se repose, Betty va à la poste envoyer quelques courriers. Puis repos, il n'y a pas grand chose à faire. Le soir, repas au resto de l'hôtel suivi d'une bière. Un Libanais arrive et nous en offre une autre. Nous discutons puis il nous invite à aller boire un verre au "Kano Motor Club", un club privé dont il est le vice-président. Il nous conduit dans sa belle Mercedes. Au club, plein de blancs, de toutes nationalités : Anglais, Suédois, Allemands, Libanais. Tous travaillent ici et cet endroit représente le lieu où ils peuvent se retrouver, boire... C'est fête.

Mardi 1er juin 1999     KANO

On se lève tard, puis balade en ville. La pollution est telle qu'on a du mal à respirer. Nous passons presque toute la journée à l'hôtel. A l'extérieure, l'atmosphère est trop étouffante. Vers 16 heures, on remet le nez dehors pour aller prendre un gâteau et une boisson fraîche. Le soir après le repas, nous retrouvons Ibrahim, notre ami Libanais. Il nous présente un informaticien Anglais qui travaille ici. Ensemble, on boit du thé, de la bière, du vin blanc.

Mercredi 2 juin 1999     KANO - ZINDER   (7 heures - 240 kms)

On a très mal dormi tant la chaleur était étouffante. A 6 heures 30, on se lave rapidement avec l'eau pas très claire du seau. Ça rafraîchit un peu. Tout est fermé alors pas de petit déjeuner. On négocie des motos taxi pour la gare routière. En attendant qu'une voiture se remplisse, nous discutons avec les gens, assis dans une petite cabane. Nous en profitons pour changer les Naira en CFA. Nous voici enfin débarrassés des grosses liasses, pénibles à trimbaler. A 10 heures 30, départ. A l'avant, nous ne sommes pas trop mal mais avec un siège, pour deux, on est tout de même à l'étroit. Ça roule bien mais à BABURA, une toute petite ville, des réparations sur la voiture s'imposent. En attendant, nous buvons un Coca dans un kiosque en bois. Rapidement, un attroupement se forme autour de nous. Les gens parlent peu anglais, ils utilisent un dialecte alors il est difficile de communiquer. Mais on rigole bien ! Puis nous patientons à l'ombre, en regardant le mécanicien réparer...

Enfin on repart. Qu'il fait chaud ! Les paysages sont de plus en plus désertiques, la terre de plus en plus sèche, pour devenir sable. A l'approche de la frontière, les contrôles de police se multiplient. A chacun d'eux, nous devons descendre et répondre à une multitude de questions, comme si nous étions interrogés lors d'un examen scolaire. Mais les interrogatoires se passent bien, dans la bonne humeur. Pendant ce temps, les autres passagers attendent dans la voiture en transpirant. Nous voici à la douane du NIGERIA. Nos sacs sont fouillés complètement. Nous transportons des doses de Gin bien enveloppées dans des sacs en plastique. En voyant la poche, le flic veut voir à l'intérieur, il se demande ce que sont les petits sachets de Gin. On lui indique que ce sont des médicaments pour la gorge ! A l'immigration, il faut encore répondre patiemment aux questions telles que : d'où venez-vous ? où allez-vous ? comment ? êtes-vous mariés ? pourquoi ? allez-vous vous marier ? et pourquoi Thierry ne parle t-il pas ? pourquoi ne comprend-il pas l'anglais ? pourquoi êtes-vous au NIGERIA ?...... Toujours des pourquoi et des comment, ça n'en finit pas. Ouf, nous passons. A la douane du NIGER, Thierry peut de nouveau parler, c'est Francophone. Là encore, fouille des sacs, c'est pénible, long et il faut tout détailler. L'immigration est plus rapide, on reprend ensuite la route.