Dimanche 3 janvier 1999     PARIS - MARRAKECH   (2 heures 40)

9 heures 30 : Aéroport Charles De Gaulle : il pleut, l'avion décolle... 2 heures 40 plus tard, le soleil de MARRAKECH nous réveille et nous réchauffe. Il fait 25°C. Un "petit taxi" nous dépose dans le centre, à la Médina. L'hôtel "Mabrouk" nous accueille, nous pouvons poser nos sacs à dos. Dès le début de l'après midi, nous nous rendons à la station de bus pour réserver les billets pour TAN TAN, dans le sud. Il ne nous reste plus qu'à déambuler au hasard des ruelles étroites des Souks, véritables labyrinthes. Ce mois de ramadan est bien contraignant. Hormis dans les grands hôtels pour touristes, on peut difficilement boire et manger. Tout est fermé. En revanche, le soir, c'est la fête. On mange des escargots dans les échoppes illuminées. Les gens sortent, le pays revit. Mais pour nous, la soirée ne se limite pas à profiter de l'ambiance des rues. Une bonne bouteille de Champagne nous attend dans notre petite chambre. On la déguste, accompagnée de biscuits. Un plaisir qu'on sait ne pas retrouver avant un long, long, long moment. Apprécions...

Lundi 4 janvier 1999     MARRAKECH - TAN TAN   (10 heures 40)

La nuit a été fraîche. La douche est glacée. Nous quittons l'hôtel pour remettre les sacs à la consigne de la gare routière, puis nous voici partis à la découverte de la ville nouvelle de MARRAKECH, avec ses larges avenues. Bien entendu, pas question de manger. Même les distributeurs de boissons sont tous fermés ! A 19 heures, départ du bus pour TAN TAN. Les montagnes et le désert nous entourent. Brèves haltes à Agadir, Tiznit puis Goulimine qui, à 3 heures du matin est encore animée. La nuit se poursuit dans le bus, le froid qui s'engouffre est désagréable.

Mardi 5 janvier 1999     TAN TAN - LAAYOUNE   (5 heures 15)

Enfin, à 5 heures 40, nous arrivons à TAN TAN. Des Lands Rover, taxis et bus quittent chaque jour TAN TAN pour LAAYOUNE, plus au sud. Le bus est le plus économique mais ne part qu'à 10 heures 30. Nous avons tout le temps pour parcourir les ruelles sablonneuses de TAN TAN. On dirait une ville fantôme. Vers 9 heures, elle s'éveille mais les bars et restaurants restent clos. Et pas question de manger en public. Cependant, un bon café nous tenterait bien ! Nous voilà encore contraints de jeûner. Comme prévu à 10 heures 30, le bus quitte TAN TAN. Le vent froid balaye le sable et la poussière s'engouffre partout. Autour de nous, un désert rocailleux. En route, arrêt à Tarfaya, petite ville plantée là, au milieu de rien, où la vie tourne au ralenti. A 15 heures 45, arrivée à LAAYOUNE. L'hôtel est vite trouvé et une bonne douche chaude nous attend. A 18 heures, on peut enfin manger.

Mercredi 6 janvier 1999     TAN TAN - DAKHLA   (8 heures 15)

A 8 heures, nous reprenons le bus. Jusqu'à DAKHLA, plus de 500 kilomètres à travers les étendues désertiques sont à parcourir. A gauche, le désert, à droite, la mer et de temps en temps, des dunes de sable. A chaque entrée de ville, il faut se plier aux contrôles de Police. Toute information nous concernant est notée sur un cahier. Nous ne sommes que trois touristes mais les formalités prennent du temps. Dans le bus, nous préparons nous même des fiches de renseignements afin d'accélérer les démarches.

A 16 heures 15, arrivée à DAKHLA. Nous partageons une chambre avec un Allemand. Le soir, un pêcheur, Aziz, nous invite chez lui pour le repas. Il nous présente sa famille. On mange ensemble la soupe, les gâteaux, le pain et les galettes. Puis Aziz nous conduit chez ses amis boire de nombreux thés à la menthe. Entre deux thés, le Cordonnier poursuit son travail dans une petite échoppe. Pendant la période du Ramadan, la plupart des gens dorment la journée, et vivent la nuit. A 2 heures du matin, rassasiés, nous repartons nous coucher.

Jeudi 7 janvier 1999

Lever à 10 heures. Nous devons trouver un véhicule pour demain qui nous permettra de passer la frontière avec la MAURITANIE. Il n'existe pas de transports en commun, seuls des convois de véhicules particuliers, organisés chaque mardis et vendredis permettent de quitter le pays. Première étape, passer à la Police, puis à la Gendarmerie afin de nous faire enregistrer sur la liste du convoi. Puis il faut trouver le véhicule et l'âme généreuse qui acceptera de nous prendre à son bord. On demande un peu partout, en parcourant la ville et ses environs à pieds. Enfin, un Français, Marc, accepte de nous embarquer dans sa maison roulante, un combi-Volkswagen tout rose. Plus qu'à repasser aux postes de Police pour indiquer le numéro de la plaque d'immatriculation. Nous voici soulagés car nous ne sommes pas les seuls à faire du stop de cette manière. Le soir, nous retrouvons avec plaisir Aziz qui nous invite une nouvelle fois à dîner avec ses amis. Mohamed nous emmène tous chez lui pour le thé, séance photo puis essayages. Sa femme offre une djellaba à Betty. Encore une excellente soirée. Dehors, le vent est fort, la mer particulièrement agitée. Nous achetons quelques provisions pour la route de demain puis au lit.

Vendredi 8 janvier 1999     Poste militaire - Poste frontière   (11 heures 30)

A 11 heures 30, nous retrouvons Marc et "bonbon rose". Un convoi de 80 véhicules de toutes sortes (de la 2 CV Citroën au confortable 4X4) se forme. Parmi nous, quelques concurrents du "PARIS - DAKAR" qui, ayant subi de gros problèmes mécaniques ont dû abandonner la course et se retrouvent maintenant délaissés par l'organisation du rallye. Les militaires récupèrent tous les passeports. Chacun est paré, sur la ligne de départ. A 15 heures, le signal est donné. Les uns derrières les autres, encadrés par l'escorte de militaires, nous démarrons. La route est goudronnée, 350 kilomètres sont à avaler. A 150 kilomètres du bivouac, nous devons nous arrêter et prêter main forte à une voiture en panne. Heureusement, Fabrice est mécanicien. Pendant qu'il travaille, nous nous écartons à pieds de la route pour tenter de nous rapprocher de la mer. Les militaires qui ferment la marche nous font de grands signes. Le terrain est miné ! Après plusieurs tentatives, Fabrice ne parvient toujours pas à faire démarrer la voiture. Il faut la tracter. A 23 heures, nous parvenons au bivouac, deux heures après les premiers. Tout le monde réunit ses provisions pour un bon repas : gruyère, saucisson, jambon... et vin. Nous passons la nuit par terre, sous le ciel étoilé, mais il fait si froid !

Samedi 9 janvier 1999     NOUADHIBOU - MAURITANIE   (12 heures)

A 10 heures, après un bref petit déjeuner, le convoi repart. Nous sommes escortés jusqu'à la frontière Marocaine, les passeports nous sont rendus. Puis, finit la belle route goudronnée. C'est maintenant la piste, avec des trous, du sable. De nombreux véhicules s'enlisent. "Bonbon rose" passe tous les obstacles en bondissant, on s'accroche. Le soleil chauffe. Pas question de sortir de la piste balisée, la région est minée. Plus loin, l'armée Mauritanienne nous attend, les véhicules passent au compte goutte. Tous les 5 ou 6 kilomètres, il faut s'arrêter de longs moments en plein soleil et sans raisons apparentes. Les militaires passent de voiture en voiture en réclamant cadeaux et argent. Ils nous font comprendre qu'en leur laissant un petit souvenir, la marche pourrait être accélérée !

Assis dans le sable, on prend notre mal en patience. Mais l'ambiance est excellente et on profite d'un arrêt prière pour manger pain et saucisson. La nuit est tombée, nous voilà enfin au poste frontière de MAURITANIE. Les lumières de NOUADHIBOU apparaissent. A l'entrée de la ville, nous retrouvons le goudron. Il est 22 heures 30, plus de 12 heures auront été nécessaires pour parcourir 40 kilomètres ! Nous nous installons pour la nuit dans un petit hôtel, les gens sont sympas, la musique contribue à animer la soirée, on est heureux d'arriver. Nous sommes 8 du convoi (4 voitures) à avoir atterri dans cette petite auberge. On part tous manger dans un petit boui-boui une tiboudienne (poisson + riz) qui constitue une spécialité.